Instantanés des débats du Forum Libé

Publié le par Maxime Petit

DSC02208Fruits de trois jours de débats à l'Hôtel de Ville et à l'Opéra de Lyon, voici quelques échanges et idées récoltés au cours du Forum organisé par le quotidien Libération. Focus sur la première journée du 25 novembre, avec notamment cette phrase lancée, en préambule, par le directeur de la publication et de la rédaction Nicolas Demorand, alors en compagnie du journaliste Max Armanet et du sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb (photo ci-contre).« Contradiction bien exprimée est plus fertile qu’un faux consensus. »

Agences de notation

Alors que s'accumulent les avertissements sur une possible dégradation du triple A de la France (lui permettant d'emprunter à un taux favorable), les agences de notation sont l'objet de toutes les attentions. Pour répondre aux interrogations du public : Makoto Utsumi, PDG de Japan Credit Rating Agency Ltd. et l'économiste français Philippe Aghion (photo ci-dessous).  « On a critiqué les agences de notation à juste titre », analyse M. Aghion. Faisant référence aux notes élevées mises à certains produits financiers qui se sont révélés défaillants au moment de la crise des « subprimes ». Aujourd’hui, « elles pêchent par excès inverse », en ayant « peur d’être prises de cours ». Pour ce professeur à Harvard, « c’est pour cela qu’elles précipitent les pays de la zone Euro ». Philippe Aghion explique que « leur influence vient du fait que les pays leur donnent trop de poids » (des notations prises en compte notamment pour les fonds de pension et les caisses de retraite).

DSC02228D'après lui, la Suède, la Grande-Bretagne ou encore le Canada « n’ont pas de problème avec les agences ». Les Etats-Unis ont perdu leur triple A, mais « cela ne leur pose pas de problème, car ils ont la FED [Réserve fédérale américaine, NDLR]. Ils ont Bernanke [gouverneur de la FED]. » L'une des solutions pour sortir des turbulences actuelles serait européenne. « Nous devons accepter un transfert partiel de souveraineté budgétaire. » En faisant ça, « nous créons les conditions pour que les Allemands acceptent de mutualiser les dettes européennes ». La zone euro serait notée par les agences de notation plutôt que chaque pays séparément. Pour Philippe Aghion, la voie du rétablissement économique du pays passera par un triangle  vertueux : « croissance, équilibre budgétaire et justice sociale ». A court terme, « les banques centrales et la BCE peuvent changer les choses, mais il faut des changements fondamentaux ». Autre idée : les agences de notation devraient être reconnues comme des « biens publics », précise le Japonais Makoto Utsumi, car elles ont des conséquences sur un pays, une entreprise, etc.

Internet, créateur de richesses ?

DSC02316.JPGUne autre confrontation économique a porté sur la Toile. Thème du débat : « Internet dope-t-il nos économies ? ». Côte à côte, Marie-Laure Sauty de Chalon (PDG du site Auféminin.com) et Jean-Marc Tasseto (directeur général de Google France). Les discussions ont démarré sur la France, et ce paradoxe : pourquoi ce pays qui a donné naissance à des géants du web (Free, Meetic, Vente privée, Seloger, Auféminin.com, etc.) « n’aide pas Internet » ? Pour Marie-Laure Sauty de Chalon cela tient notamment à la structure économique du pays, où « 53% du PIB » est créé « par la puissance publique ». Jean-Marc Tasseto embraille sur une « société bloquée ». « Pourquoi n’avons-nous pas une Silicon Valley ? », s’interroge-t-il ouvertement. Cela ne viendrait pas de la « qualité des ingénieurs », mais d’un manque de « prise de risque ». Le plus dur serait de trouver « les premiers 10 000, 100 000, le premier million d’euros », analyse M. Tasseto. « Il a fallu 10 millions de dollars à Google pour commencer à être profitable. »

 

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Publié dans Reportages

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