La bergère descend de la montagne
Transmission du savoir
« Autrefois, dans une même cabane en montagne, on trouvait sept ou huit bergers, là où aujourd'hui il n'y en a plus qu'un », constate Régis Faustin qui prépare actuellement un ouvrage sur la mémoire des bergers des Pyrénées. Un problème que reconnaît Anne-Marie Brisebarre, directrice de recherche au CNRS et auteur de Bergers et transhumances (De Borée, 2007). « Il existe des écoles de bergers qui forment des jeunes, mais par rapport à l'âge des bergers en activité : la relève ne semble pas assurée. » Le centre de Lannemezan, seule école de bergers de Midi-Pyrénées, en forme huit tous les deux ans avec l'aide des éleveurs, et encourage l'émergence d'une nouvelle génération de bergers avec les deux autres écoles des Pyrénées d'Etcharry et d'Oloron.
Les causes de cette disparition sont multiples. Florent Tessarotto, éleveur à Plaisance-du-Touch en Haute-Garonne, rappelle que l'existence des bergers dépend de la filière ovine. Celle-ci a vu presque 62 % des exploitations françaises disparaître entre 1979 et 2007, en passant de 197 000 à 75 000, selon un rapport de la commission des affaires économiques du Sénat, publié en janvier dernier. En Midi-Pyrénées précisément, le nombre d'élevages ovins de production de viande a diminué à un rythme de 10 % par an entre 2000 et 2005, d'après la Chambre d'Agriculture.
« Avant, un éleveur pouvait survivre avec 100 bêtes en montagne, plus maintenant. Seules les grosses structures sont viables. Alors, aujourd'hui, les vieux éleveurs vendent leurs troupeaux à d'autres éleveurs qui grossissent, plutôt que de laisser des jeunes reprendre l'affaire. Résultat : moins de bergers gardent de plus gros troupeaux, là où un seul berger suivait seulement 200 brebis », souligne le jeune éleveur. Sans oublier que le métier est ardu. Sur la promotion de Maïlys, sept ont jeté l'éponge cette année. Elle se retrouve seule. Et les bergers doivent se chercher une autre activité pour les six prochains mois de l'année, après la descente des estives mi-octobre.
Un rôle en montagne
Au-delà de la disparition d'une profession, la baisse des effectifs est une mauvaise nouvelle pour ceux qui vivent de la montagne. « Nous craignons la disparition de certains territoires pastoraux sur lesquels se trouvent des pistes de ski, mais aussi des sentiers que les bergers entretiennent et qui permettent le tourisme d'été », explique Didier Buffière, directeur du service de développement pastoral des Hautes-Pyrénées. Dans les Pyrénées, le pâturage des troupeaux en estives permet de prévenir les incendies en été et de limiter les avalanches en hiver.
Maxime Petit
Photo : M. P
Article paru dans La Dépêche du Midi du 12/10/2008