Colère dans le scolaire

Publié le par Blog de journaliste

TOULOUSE. Le point sur la crise dans l'Education nationale à l'heure d'une manifestation monstre dans la capitale

Paris, miroir du malaise enseignant. Plus de 50 000 personnes sont attendues sur les pavés de la capitale aujourd'hui pour protester contre la série de réformes annoncées par le gouvernement en matière d'Éducation nationale. Des dizaines d'organisations ont appelé à manifester pour « la défense du service public d'éducation ». Tous les syndicats des personnels de l'Éducation montent au front au coude à coude, de la FSU, majoritaire, aux confédérations syndicales CFDT, CGC, Sud-Solidaires et Unsa. Sans compter qu'ils réunissent dans leurs rangs la Fédération des conseils des parents d'élèves (FCPE), les principales organisations lycéennes et étudiantes (UNL, FIDL et UNEF), et de multiples associations comme la Ligue des droits de l'Homme. « Je manifeste en tant qu'enseignante, parent d'élève et citoyenne », souligne Cécile, 33 ans, enseignante en maternelle à Toulouse. « Lorsqu'on s'attaque à l'école, cela devient un problème de société. »

Dans l'œil du cyclone, les coupes dans les effectifs. 13 500 réductions de postes ont été annoncées par le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, pour la rentrée 2009 (après 19 700 depuis 2007), et la suppression d'un tiers des maîtres des réseaux d'aides spécialisés pour les élèves en difficultés (RASED). Ces réductions de postes sont empaquetées et vendues par le ministère avec la réforme globale. Et là, ça ne passe pas.

« Nous sommes conscients que l'on doive faire des choix budgétaires, mais on s'adresse à des enfants. À terme cela pourrait coûter cher », prévient Jean-Jacques, 52 ans, maître spécialisé à Toulouse. Au-delà des suppressions, les peurs se cristallisent aussi sur les réformes en elles-mêmes, même si d'aucuns les jugent nécessaires.

En premier lieu, celle du primaire, en place depuis cette rentrée, avec les nouveaux programmes, les quatre jours hebdomadaires, et la mise en place du service minimum (que la mairie de Paris juge « inapplicable »). Celle du lycée ensuite, promise pour 2009, et dont certaines hypothèses de travail ont semé l'affolement chez les syndicats (menaces sur certaines matières). « Ne pas faire de l'éducation une priorité c'est grave », insiste Lydie, 45 ans, professeur à Blagnac. « Victor Hugo disait : celui qui ouvre une porte d'école, ferme une prison. »

Maxime Petit

Photo : M. P

Légende : Une enseignante du lycée de Blagnac.



Réformes : ce qui ne passe pas

Suppressions de postes.

13 500 suppressions de postes sont annoncées pour la rentrée 2009. Elles s'ajoutent aux 11 200 déjà réalisées à la rentrée de cette année, et aux 8 500 de 2007. Le ministère justifie ces coupes par la réduction de la démographie : 53 200 élèves du secondaire en moins en 2007, et 960 dans le primaire. Toutefois, 4 200 postes supprimés, soit 37,5 % du total, ont été convertis en heures supplémentaires.

École primaire.

La mise en place de nouveaux programmes dans le primaire pour l'année scolaire 2007-2008 suscite toujours des crispations. Ils tiennent désormais en 36 pages au lieu de 120 et se concentrent sur le français et les mathématiques, tout en introduisant une dose « d'instruction civique et morale ». Les modalités de soutien aux élèves en difficulté sont jugées inefficaces. Enfin, dernier point de tension : la suppression annoncée pour 2009 d'un tiers des postes des réseaux d'aide spécialisés pour les enfants en difficulté (RASED), soit 3 000 postes.

Service minimum.

La mairie de Paris vient de stopper la mise en place du droit d'accueil dans les écoles en cas de grève, et les enseignants ont l'impression d'être opposés à l'opinion publique sur ce sujet.

Le lycée « modulaire ».

La réforme du lycée, annoncée pour 2009, prévoit l'organisation des matières en 3 blocs généraux autour desquels graviteront d 'autres matières, selon les affinités de l'élève, un début de formation au Droit et un suivi personnalisé. Les profs ont peur pour certaines matières.

 


Sondage

Selon un sondage IFOP pour Dimanche Ouest-France paru aujourd'hui, 69 % des Français interrogés estiment que la mobilisation des enseignants contre les suppressions de postes et les récentes réformes dans l'Éducation nationale est « justifiée », contre 31 % la jugeant « injustifiée ». Ils sont 78 % à approuver le soutien scolaire au sein des établissements, et 70 % à juger qu'il y a suffisamment d'heures de cours en classe.


Article publié dans La Dépêche du Midi du 19/10/2008

Publié dans Reportages

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