L'épandage pour héritage

Publié le par Blog de journaliste

PORTRAIT - Jean-Marc Dardoize dirige la société d’épandage agricole Denizot. Il raconte de l’intérieur la lente professionnalisation de cette activité. De l’Afrique francophone aux Antilles, bienvenu chez des baroudeurs du ciel.

Un métier en mutation

Une « remise en cause ». A en croire le pilote Jean-Marc Dardoize, le petit monde de l’épandage a fait sa mue depuis une dizaine d’années. Il a pu vivre cette transformation de l’intérieur. Fils et petit-fils de paysans du Gers, il est entré dans les Etablissements Denizot en 1988. Il devient alors le bras droit de Robert Denizot. Cet ancien militaire, « parti de zéro », s’est taillé une place de choix dans le milieu de l’épandage agricole. D’abord en France, puis en Afrique. M. Denizot étant décédé lors d’un accident d’avion en 1996, Jean-Marc Dardoize a repris le manche, accompagnant la mutation de cette profession très déréglementée au départ. « Aujourd’hui nous sommes responsables des produits que nous utilisons, ce qui n’était pas le cas avant », explique M. Dardoize. Par le passé, les pilotes pouvaient se contenter de piloter, fermant les yeux sur certains produits dangereux utilisés. Mais aujourd’hui, le pilote est responsable de son chargement. « Nous avons une liste de produits homologués par l’Europe. Certaines molécules ont été retirées, et d’autres autorisées. Les gens qui ont fait l’effort de se mettre aux normes ont conservé leur marché ». C’est le cas de sa société, où le métier d’épandeur s’est professionnalisé et modernisé.

La société Denizot est aujourd’hui une holding composée de Denizot Airlines Travaux aériens, Travaux aériens Caraïbes et les Etablissements Denizot. Elle emploie une quinzaine de personnes en moyenne. Une dizaine de plus pendant les « campagnes » d’épandage. Le « QG » se situe à Pont-sur-Yonne (Yonne), avec les ateliers, la comptabilité et l’administration. Pour le reste, l’épandeur travaille en Afrique francophone (Tchad, Cameroun, Congo et Sénégal), Guyane française et en Guadeloupe.

Jusqu'à 1,4 tonnes de produit

L’épandage est mené principalement dans les cultures de cannes à sucre, de riz et de bananes pour de grands groupes agro-alimentaires. La surface agricole dépasse parfois les 10 000 hectares. Les pilotes de la société Denizot réalisent ces « chantiers » à bord d’avions ou d’hélicoptères. La boîte possède une vingtaine d’appareils. Les hélicoptères peuvent transporter 150 litres de produit. Pour les avions, cela va de 500 litres à 1,4 tonne. Le « Cesna agricole » en charge 700, le « Grumman » 900 et l’imposant « Trush commander » supporte les 1,4 tonne. Ils disposent d’un équipement moderne : ordinateurs de bord, système de vannes automatiques, GPS avec « une précision de 15 cm » pour décharger les engrais ou insecticides avec précision. Les travaux se font généralement par équipes de deux.

Lorsqu’un chantier débute en Afrique, des pistes de décollage et d’atterrissage sont tracées à proximité des plantations. Le remplissage du produit se fait « en 30 secondes » grâce à une cuve près de la piste. « C’est au sol qu’on gagne du temps », souligne Jean-Marc Dardoize.  Dans une sucrerie, un chantier peut durer « cinq mois ». Et les pilotes d’effectuer « une centaine d’heures de vol par mois ». Ces derniers possèdent une licence de pilote théorique avec un « DNC agricole » et plus de mille heures de vol, dont 400 sur appareil classique. Après, le coup de main se prend sur terrain. Jean-Marc Dardoize, s’est formé « sur le tas ». Pour le Pdg de Denizot, l’important c’est d’être « polyvalent ». Derrière chaque pilote, il y a aussi un mécanicien. La concentration et la précision sont indispensables. « Nous passons à 200 km/heure à un mètre du sol », rappelle le pilote.

Vers l'Amérique du Sud

Le pilote a été témoin ces dernières années d’une « baisse de l’épandage aérien ». En cause : les errements passés de la profession et un lobbying écologiste important, notamment en Europe. Mais, il a su développer la société Denizot en gagnant des marchés. « Nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 2 ,8 millions d’euros en 2007 à 3,3 en 2008 ». Aujourd’hui, Jean-Marc Dardoize souhaite se développer en Amérique du Sud. « On ne peut pas se passer de l’épandage. Il y a une traçabilité du produit, une seule personne est en contact avec le produit et cela permet de mener des actions de grande ampleur. A l’heure où l’on parle de faim dans le monde, il y a un besoin de production ». A une seule condition : avoir « une conscience professionnelle ».

Maxime Petit

Photos : DR

 

CONTACTS :

Jean-Marc Dardoize

Ets DENIZOT

7 rue l'Aérodrome

89140 GISY LES NOBLES

Tél. : 03-86-67-06-40

Port. : 06-73-67-04-88

Site : www.jmdaviation.com

Mail : air.denizot@wanadoo.fr

 

Article publié dans le mensuel Air contact d'octobre 2009 

Publié dans Portraits

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